mercredi 21 mai 2008

La philosophie politique de PS

A propos de la nouvelle Déclaration de principes du Parti socialiste (avril 2008).

Pour la cinquième fois depuis 1905, le PS se dote d’une déclaration de principes. C’est une étape notable dans la rénovation engagée depuis l’échec de mai 2007. Le texte comprend un préambule et trois parties : I- Nos finalités fondamentales ; II- Nos objectifs pour le XXIe siècle ; III- Notre parti socialiste.

4 remarques :
1) Ce texte, à sa parution, a suscité pas mal de réactions ironiques (à droite), tant il semblait ratisser large. Il est vrai que des affirmations du type : « pour les socialistes, l’être humain est un être doué de raison, libre, un être social qui grandit dans sa relation aux autres, ouvert à toutes les potentialités » ne frappent pas par leur originalité. Elles rappellent les discours « éduc nat. » en tête des programmes scolaires. Cela dit, il est difficile de reprocher à une déclaration de principes d’être une déclaration de principes, même si le « souffle » n’est pas là.
2) Plus grave, le reproche qui voit dans cette déclaration une sorte de texte de rattrapage pour le XXe siècle plutôt qu’un fer de lance pour le XXIe. Le ralliement à l’économie de marché est clair et nulle mention n’est faite à la lutte des classes et aux options révolutionnaires : il était temps. L’histoire des différentes versions de déclaration (1905, 1946, 1969, 1990) montre le trop lent processus d’éloignement du marxisme révolutionnaire que le PS continue de payer aujourd’hui. Le SPD allemand s’en était écarté en 1959 (Congrès de Bad Godesberg) et le New Labour anglais (en 1994 avec la réécriture par T. Blair de la « Clause IV » de 1918).
3) Certes, la déclaration intègre deux nouveaux défis : le développement durable et la maîtrise de la mondialisation, mais elle reste étonnement silencieuse sur la crise de l’Etat providence. L’action collective semble être bénéfique, par principe et par essence ; et la question de ses effets pervers éventuels n’est pas évoquée. C’est pourtant le défi majeur : notre Etat est à la fois trop gros et trop maigre ; il protège quand il devrait libérer et il libère quand il devrait protéger. Comment replacer le bon curseur ?
4) Enfin — impression générale : ce texte, qui mentionne les droits sans les devoirs, laisse planer l’idée que la citoyenneté est avant tout affaire de protestation ; article 1 — « Etre socialiste, c’est ne pas se satisfaire du monde tel qu’il est » ; « révolte contre les injustices » ; article 2 — « critique historique du capitalisme ». Tout cela est bien sûr indispensable, mais la référence à la responsabilité dans l’exercice du pouvoir n’est pas centrale : seraient-ce là des principes d’un parti qui se sent naturellement dans l’opposition ?
PHT

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